JEAN COCTEAU MENTON

Œdipe


Livret oratorio Oedipus Rex 1952 |Décor de la salle des mariages de Menton détail panneau de la noce

© Adagp/Comité Cocteau, Paris 2018


Dans la salle des mariages, le personnage, encadré par les deux femmes porteuses d’offrandes exotiques dans la scène des noces, est un aveugle. Il fait allusion au mythe d’Œdipe.

Œdipe, après avoir tué son père, épouse la reine de Thèbes, Jocaste, sa mère. En découvrant ces terribles vérités, il se crève les yeux et part sur les routes, accompagné par Antigone, sa fille. « Beaucoup d’hommes naissent aveugles et ils ne s’en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux » souligne Cocteau.

Profondément marqué par les adaptations de cette tragédie par Sophocle, Cocteau s’en inspire dès 1921. Il écrit entre autres, le livret d’Œdipus Rex en 1926 - un oratorio mis en musique par Stravinski - et une pièce, la Machine infernale, créée en 1934 par la compagnie de Louis Jouvet.

Le complexe d’Œdipe, théorisé par Freud au début du XXe siècle, est un concept central de la psychanalyse : un garçon, de façon inconsciente, est amoureux de sa mère et désire tuer son père.

Il trouve une résonance particulière dans le lien unissant Cocteau à sa mère, lien exclusif et renforcé par le suicide du père. Lorsqu’elle disparaît en 1943, Cocteau écrit « Jocaste est morte ».

Une autre idée s’impose : Œdipe, en se crevant les yeux, s’exclut de la société des hommes. Il n’est plus trompé par les apparences et devient voyant. Il peut dès lors communiquer avec les mondes invisibles.

Texte de Yannick Jacquot Cocetta