JEAN COCTEAU MENTON

Orphée


Affiche du film Orphée 1950 | Décor salle des mariages Orphée

© Adagp/Comité Cocteau, Paris 2018


Le poète présente ainsi sa tragédie : « Vous connaissez le mythe : Orphée, le grand poète de Thrace, passait pour charmer les fauves. Or, il venait de réussir quelque chose de beaucoup plus difficile : il venait de charmer une jeune fille, Eurydice, de l’arracher au mauvais milieu des Bacchantes. La reine des Bacchantes, furieuse, empoisonna la jeune femme. Orphée obtint d’aller la chercher aux Enfers, mais le pacte lui interdisait de se retourner vers elle ; s’il se retournait, il la perdait pour toujours. Il se retourna... j’y ai ajouté quelques personnages : l’ange Heurtebise, la Mort traitée dans le style des mystères du Moyen Age, un commissaire... et un cheval blanc ».

Le 30 septembre 1925, Cocteau lit sa pièce « Orphée » à Stravinski pour lui en confier la musique. Le compositeur habite alors Nice, quartier du Mont-Boron. Finalement la mise en scène n’aura pas d’accompagnement sonore.

Orphée, créé en 1926 à Paris, est la première grande tragédie du poète. Il affirme ici son originalité en mêlant l’antiquité et la modernité, le réel et le fantastique. Les trucages sont nombreux.

La Mort entre en scène par le miroir. Orphée, conseillé par Heurtebise, passe par ce même miroir pour aller chercher Eurydice aux Enfers. Dans la scène XII, la tête d’Orphée, décapitée par les Bacchantes, décline son identité à un commissaire de police.

Il a pris la place d’Heurtebise pour le protéger : « - Né à... - Maisons-Laffitte répond la tête. Le commissaire poursuit : - Puisque vous me dites votre lieu de naissance, vous ne refuserez plus de dire votre nom. Vous vous appelez... - Jean. - Jean comment ? - Jean Cocteau. - Coc... - C.O.C.T.E.A.U. Cocteau. - C’est un nom à coucher dehors  ».

La pièce marque le début d’un long processus d’identification de Cocteau avec Orphée.

Il est le thème principal du Sang d’un Poète, moyen métrage sorti sur les écrans en 1932. Orphée est à nouveau porté à l’écran en 1949 puis en 1959 dans le Testament d’Orphée.

Texte de Yannick Jacquot Cocetta